Les chroniques de Monsieur Paul - Kantoken 2015Couverture du Livre du silence de Rodolphe Massé

 

L’édition française des Chroniques de Monsieur Paul est suivie d’une évocation en guise de postface, écrite par Rodolphe Massé, poète, écrivain, scénariste, traducteur-adaptateur et auteur-compositeur-interprète.

Au-delà de la courte biographie officielle, relisons ce que Fanny & Hans Engelbrecht avaient écrit en 2007 pour la préface de son essai « Musique en forme de sort ».

Né en 1973 comme Mehis Heinsaar, Rodolphe Massé a publié Le livre du silence, en 2013.

 

 

Préface à Musique en forme de sort (Pour un sortilège musical)

Il affirme ne pas avoir franchi la toute première marche de son œuvre musicale. Et pourtant, le public européen a déjà eu la possibilité de découvrir la musique de Rodolphe Massé sur scène plus d’une centaine de fois en France, Belgique ou Suisse ces dernières années.

À l’âge de quinze ans, la rencontre d’Olivier Messiaen décide de sa vocation. Au terme d’études de piano auprès de François-Michel Rignol puis Jean-Paul Cristille, il découvre l’improvisation, notamment avec Loïc Pierre (directeur musical de la Maîtrise Mikrokosmos). Une relation fraternelle qui donnera naissance à la Compagnie Harmonium, dont le projet le plus ambitieux – un drame musical co-écrit sur les partitions de John Adams – Les Funérailles de l’Ogre, reste inédit à ce jour. À dix-neuf ans, il publie son premier recueil de poèmes et un premier disque de chansons piano-voix. Dans le même temps, Rodolphe se lie d’amitié avec le compositeur Olivier Greif et le poète Julos Beaucarne, multipliant les rencontres artistiques. Devant 4 000 personnes en Suisse au Festival Rock du Val de Travers en 1996, ou dans le cadre d’une programmation habituellement réservée aux lauréats du concours Reine Elisabeth à Bruxelles, il distille ses premières compositions, alternativement seul au piano, en formation classique ou électrique. La RTBF et la télévision hongroise lui consacrent d’importants portraits, voyant en lui « le fils caché de Philip Glass, Wim Mertens et Michael Nyman ». Il compose et enregistre à Bruxelles un album de chansons pop-rock sur les textes de l’auteur et sculpteur belge Marcant et sur le Bösendorfer impérial des établissements Kaufmann, une première suite de chambre, la Dame Blanche.

À la fin des années 1990, questionnant l’intensité et les motivations profondes de sa démarche, il s’immerge dans l’écriture et la composition, approfondissant sa connaissance des traditions musicales, tant orientales qu’occidentales et les liens étroits unissant musique, magie et spiritualité. Il se passionne pour la musique objective de Gurdjieff et De Hartmann, le premier romantisme allemand, le tango d’Astor Piazolla, la sensibilité japonaise de Ryuichi Sakamoto et Yôko Kannô, le lyrisme western d’Ennio Morricone, les interprétations de la Passion selon Saint Matthieu de Bach, la démarche d’Arvo Pärt… Il mesure l’importance des effets psychologiques et physiologiques de la musique, largement sous-évalués dans la production contemporaine, les met en relation avec certaines thérapies en plein essor : programmation neuro-linguistique, psychomagie et psychogénéalogie. Il séjourne auprès d’Arnaud Desjardins… Wim Mertens lui accorde le plus long entretien de sa carrière… Enfin, il se lie d’amitié avec Alejandro Jodorowsky qui lui donne un conseil assez clair : « Pas dé limites, s’il té plaît ! »

Pour les Éditions Asuka, il a signé depuis 2004 les préfaces et l’adaptation de plus de 150 volumes, dont les œuvres d’Osamu Tezuka avec le traducteur Jacques Lalloz. Début 2005, la pianiste Hélène Grimaud le précipite dans une incandescence en miroir. La même année, il publie Cantique des Hauteurs aux Éditions Maelström et City Lights et dirige le Guide Phénix du Manga, devenu en quelques mois le principal ouvrage de référence sur le sujet…

La musique est pour Rodolphe Massé l’art magique par excellence, et les lecteurs les plus curieux pourront approfondir sa vision incandescente de la création artistique dans un ouvrage complémentaire, Grimoire en forme de Sort, affirmation de sa foi en la puissance de l’imagination créatrice. Une première version, voyageant sous le manteau, avait déjà rencontré de surprenants échos en 2003-2004, relayée par des internautes ébahis jusqu’à certains réseaux occultes ou artistiques des États-Unis…

Avec Musique en forme de Sort, il nous fait partager pour la première fois sa vision de la musique, dans une perspective évolutionniste où chaque musicien pleinement conscient du pouvoir de son art sur le public et de ses responsabilités, peut devenir s’il le souhaite ardemment, cet artiste-mage cher à Novalis.

Fanny & Hans Engelbrecht – Berlin, New York

Remerciements : Manuela Arvis

Publié en février 2007

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