Mehis Heinsaar est un écrivain estonien né le premier août 1973 à Tallinn. Il vit à Tartu où il a fait ses études universitaires. Auteur principalement de nouvelles (une bonne centaine), il a aussi écrit pour le théâtre autour des textes de Daniil Harms, un roman en 2005 et des poèmes (un recueil écrémant les années 1992 à 2008 est paru en 2009) . 5 recueils de nouvelles sont déjà parus en estonien, deux en français : 2001 : Vanameeste näppaja [Le voleur de vieillards] 2001, réédité en 2011 : Härra Pauli kroonikad [Les chroniques de Monsieur Paul] 2007 : Rändaja õnn [Le bonheur voyageur] 2011 : Ebatavaline ja ähvardav loodus [La nature étrange et menaçante] 2013 : Ülikond (histoires 2003-2013) [Le Costume] Les œuvres de Mehis Heinssar ont été traduites en allemand, finnois, anglais, hongrois, italien, roumain, russe et suédois. La plupart du temps, ils n’avaient rien à lui dire, et c’était justement cela qui l’intéressait. Le fait qu’on ne disait rien ni ne savait rien. Qu’on restait simplement silencieux. C’était un véritable miracle. (Les chroniques de Monsieur Paul, p. 9) A l’heure d’un impitoyable fact-checking fiévreux et d’une morne transparence, les livres de Mehis Heinsaar sont un pur délice. Rien n’est vrai au regard de la raison, tout est pourtant sincère à ses yeux. Tout y est mystérieux et imprévisible. Dans la lignée des Calvino, Boulgakov et Vian, Marcel Aymé ou Lewis Carroll, Vialatte ou Michaux et avec un élan volontaire et pataphysique à la Jarry, la prose mélancomique d’Heinsaar vous emporte de l’autre côté du miroir dans une nature onirique et fabuleuse à souhait où règnes animal, minéral, végétal ont perdu leurs frontières. Ne cherchez pas de morale à la fin de ces fables intemporelles, aussi parallèle soit-il, le monde de Mehis Heinsaar n’en a pas plus que le nôtre. L’œuvre d’Heinsaar est souvent qualifiée de réalisme magique. Sans le renier, il se rattache plus facilement aux Russes Daniil Harms, Tcheckov ou Dostoievski, à Cioran et Beckett. Dans un long échange avec Georges-Olivier Châteaureynaud, il disait : « Ce qui m’inspire avant tout, ce sont les textes visionnaires caractérisés par un haut niveau de style et de pensée, que ce soient des ouvrages philosophiques, littéraires ou de vulgarisation scientifique. C’est de là que vient ma conception du réalisme magique : pour moi, n’importe quel texte peut relever du réalisme magique, dès lors qu’il pénètre directement dans l’âme du lecteur et y met en route une sorte de processus alchimique. S’il y a un endroit où l’alchimie est possible, c’est justement au centre de ce labyrinthe sensitif de l’homme qu’on appelle l’âme. En ce sens, je considère par exemple comme du réalisme magique Les âmes mortes de Gogol, les nouvelles de Tchekhov et de Borges, L’évolution créatrice de Bergson, l’Histoire de la folie de Foucault, Les frères Karamazov de Dostoïevski, Le château de Kafka et Sur la route de Kerouac, parce que la lecture de ces œuvres m’a transformé intérieurement. Je suis ressorti de ces livres purifié, chargé d’énergie, changé en tant qu’être humain. Et de quoi s’agit-il, sinon d’alchimie, de magie ? ». Considéré comme un artisan du renouveau de la nouvelle en Estonie, Heinssar a « la particularité de combiner un succès critique quasi complet et un succès public considérable ». L’université de Tartu lui a consacré le n° 3 des Cahiers de culture contemporaine. La galerie de photos ci-dessous en est d’ailleurs extraite. Il se consacre entièrement à l’écriture et à la promenade.